Confronté à l’univers singulier de Georges Gara, une évidence finit par s’imposer à nous, qui aurait à faire, aussi bien, avec l’entier de l’oeuvre. Elle est que, sous des dehors rigoureux et sereins, le travail de ce peintre et sculpteur d’origine hongroise est empreint d’une curiosité comme enjouée à laquelle fait écho une inquiétude contrôlée. Car l’artiste fonde sur une brèche qu’il a vu s’ouvrir un jour dans l’opacité du monde et qu’il a aussitôt tenue pour signe d’une perte dont il aurait à rendre compte. D’où ce vertige auquel semble répondre une grande part de son activité créatrice, lorsque, pour les sauver d’une disparition certaine, elle fait usage et mémoire d’objets apparemment insignifiants (qui sont pourtant tenus pour résidus d’une existence) ou de menus déchets produits par une civilisation de l’avoir. Il s’agit, à chaque fois, des bribes d’une réalité désaccordée qu’il convient d’affronter dans sa sourde brutalité tout autant que dans son extrême fragilité... Lire la suite

Pierre-Alain Tâche